Les écluses du port de LE PALAIS


Plaque commémorative
 passerelle  passerelle vue d'ensemble

Plaque en mémoire à Mr GENDRON


La mémoire collective a cette extraordinaire capacité à reléguer certains souvenirs au second plan de l'histoire. Pourtant bien des vérités locales, devenues parfois des légendes, revêtent un intérêt majeur, puisque de ces souvenirs est construite notre histoire.

Et il y a des hommes qui sont passés dans l'ombre des souvenirs mais que certains refusent d'oublier. La bravoure de l'un d'eux rappelle comment un héros naît discrètement, sans le vouloir, en donnant sa vie pour sauver la ville de Palais.

En janvier 1976, un tout nouveau navire arrive à Belle-Ile, l'île du Ponant sent encore la peinture fraîche. Ce caboteur de 32 mètres permet de ravitailler l'île en carburant. A son bord, le capitaine Orsonneau assure les rotations régulières entre Donges et Palais. Lorsque le navire décharge son carburant, l'essence est envoyée via une pompe électrique à 500 m de là dans le dépôt. Mais depuis un certain temps, les conditions de sécurité ne semblent pas réunies pour effectuer ce transfert à haut risque, les responsables locaux préviennent leur hiérarchie mais rien ne sera fait, indiqua dans ses conclusions le substitut M. Gravereau qui parlera du «procès de l'irresponsabilité et de la négligence».

Le 22 juillet 1976, il fait chaud sur l'île. La canicule s'est installée et on se souviendra de cette année comme celle d'une importante sécheresse, mais elle sera aussi marquée par la mort d'un homme. Alors que l'Île du Ponant assure son dépotage, et que la quasi-totalité du carburant a transité dans le pipeline, un passant averti Pierre Gendron, chef mécanicien à bord qu'un évênement anormal se produisait dans le local de station sur le quai. Et en effet, la catastrophe tant redoutée survient, le feu prend avec risque de propagation sur le bateau, dans le pipe et au dépôt qui surplombe la citée. « Aussitôt M Gendron quitte le bord et, épris de conscience professionnelle se précipita vers la station, n'écoutant que son courage, pour la sécurité de tout le monde » affirmait le capitaine dans son rapport le 27 juillet 1976.
A ce moment, les flammes gagnent en hauteur « elles faisaient au moins 25 m » se souvient un marin. Pierre Gendron tente de fermer la vanne et est atteint par les flammes. Sur les quais alors que d'autres hommes s'affairent à déplacer le caboteur de l'autre côté du quai pour l'éloigner de l'incendie, Pierre Gendron crie de douleur sur le quai.. Les pompiers sont présents, Marc Guillaume est également brûlé, tout comme le jeune novice du bord qui se jeta à l'eau comme par instinct de survie. Le feu sera finalement maîtrisé, la ville est sauvée. Conduit à l'hôpital de Palais, Pierre Gendron devait mourir 3 jours plus tard à Paris. A 45 ans, il laisse derrière lui des jumelles et une femme qui ne s’en remettra jamais. L'année suivante, M Gendron reçoit à titre posthume la médaille d'or du courage de la marine marchande.

Six années s'écoulent avant que le procès se déroule à Lorient, il durera 12 ans. Trois prévenus à la barre se rejettent la responsabilité, le procès est mouvementé, des amendes sont prononcées.
Près de 40 plus tard, Gilles Bertho, aujourd’hui adjoint au maire à Le Palais, souhaite rendre les honneurs « A ce bonhomme dont j’ai un très bon souvenir et qui a peut être sauvé Palais. Il n’y a pas que les héros qui figurent sur les plaques de rue, il y a ceux qui passent dans l’oubli, je ne le voulais pas » assure l’élu. Il contacte alors les filles de M Gendron, les échanges sont poignants « Recevoir cet appel 37 ans plus tard c’est émouvant. Je suis fier de mon père. Après le décès de papa, ma mère a reçu beaucoup de courriers des gens de Palais, elle a toujours pensé qu’il devait y avoir quelque chose pour mon père à Belle-Ile » indique Myriam Monnier, l’une des filles de M Gendron. Une plaque devrait être apposée prochainement en mémoire de ce héros singulier, un oubli de l'histoire sera réparé.

On connaîtra plus tard la fin tragique de ce navire. Alors qu’il quitte Belle-Ile dans une mer mauvaise pour rejoindre Saint-Nazaire (44) en janvier 2001, le caboteur à vide donc plus instable prend certainement une lame de travers qui le fit chavirer soudainement. 4 membres d’équipages périssent, sauf le chef mécanicien, cette fois, qui a survécu en se réfugiant dans la coque.







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